En route vers la côte atlantique
On quitte le Chili pour passer à nouveau en Argentine, plus précisément dans la province de Chubut, où nous commençons par traverser le Parc National Los Alerces. Ce parc fait partie de la réserve de biosphère Andino Norpatagonica reconnue par l'Unesco en 2007. Il a été créé pour la protection du Fitzroya ou Alerce, un arbre de la famille des cyprès qui est menacé d’extinction et qui a donné son nom au parc. Nous passons la nuit juste en bordure du parc, dans le minuscule village de Villa Lago Rivadavia, entourés de chevaux, vaches, poules, moutons, et j’en passe…
Après le parc national Los Alerces, nous prenons la direction de l’Est afin de rejoindre la côte atlantique. Mais avant d’attaquer la traversée de la pampa, nous faisons une dernière étape au pied de la Cordillère de Chubut, dans la petite ville de Esquel.
Pour rejoindre la côte atlantique depuis Esquel, nous empruntons tout d’abord la Ruta 40 vers le sud-est sur une centaine de kilomètres, puis la Ruta 25 qui traverse la pampa sur plus de 500 kilomètres. Le début est plutôt monotone avec de longues lignes droites dans un environnement désertique. Nous avons la chance d’avoir le vent dans le dos, ce qui rend la conduite moins pénible et influence positivement sur la consommation de la Salamandre.
Après le lieu-dit ‘Paso de Indios’, le paysage change et la route est bordée par des immenses falaises aux couleurs rougeâtres qui nous rappellent un peu l’ouest américain. Les possibilités de ravitaillement et d’hébergement sont rares, et nous choisissons de faire étape dans le hameau de Los Altares, qui est la seule option pour éviter de devoir faire la traversée d’une traite.
Encore 370 kilomètres de pampa et nous voilà enfin arrivé au bord de l’océan Atlantique, plus précisément dans la petite ville côtière de Puerto Madryn. La ville est considérée comme la porte d'entrée de la péninsule Valdés, déclarée en 1999 patrimoine mondial par l'UNESCO.
Puerto Madryn se trouve au fond du Golfo Nuevo, formé par la péninsule Valdés et le cap de Punta Ninfas. Le paysage alentour est celui de la meseta (plateau patagon), formant tout au long de la côte une succession d'escarpements et de plages de sable.
L’endroit est également prisé pour ses eaux cristallines propices à la baignade et à la plongée sous-marine. En ce qui nous concerne nous nous baignerons plus au Nord car ici l’eau est plutôt fraîche. C’est aussi un spot prisé pour l’observation des baleines, mais nous ne sommes pas à la bonne saison. Dommage et heureusement qu’on en a déjà vu au Mexique et en Antarctique…
Heureusement que le trajet est court car c’est sous une petite tempête de sable que nous effectuons le saut de puce qui nous amène sur la péninsule de Valdes. Nous résidons pour quelques jours dans le minuscule village de Puerto Pirámides qui nous sert de base pour partir à la découverte de cette presqu’île. C’est le seul lieu habité de la péninsule et on y trouve quelques logements et restaurants, ainsi qu’une sublime plage sauvage où l’on peut faire de belles balades, particulièrement à marée basse.
Nous prenons la moto et faisons une excursion d’une journée jusqu’à l’extrémité nord de la péninsule, au lieu-dit Punta Norte. On peut y admirer plusieurs colonies d’otaries accompagnées de leur progéniture. Le chemin d’observation est toutefois assez loin des animaux et sans téléobjectif, pas possible de faire de belles photos. C’est le debut de la période où les bébés otaries se jettent à l’eau pour la première fois, ce qui représente des proies de choix pour les orques. Ce sont des animaux très intelligents qui vivent en groupes familiaux et qui sont capables de communiquer pour coordonner des tactiques de chasse sur leurs proies. Les orques qui se trouvent dans la péninsule de Valdés s'approchent de la côte uniquement pour se nourrir de bébés otaries et d'éléphants de mer. Elles ont développé la technique de capture appelée "échouage intentionnel". A marée haute, l'orque nage rapidement vers la côte, s’échouant sur la plage sur près des deux tiers de sa longueur, afin d’attraper une otarie ou un éléphant de mer. Il profite ensuite du reflux des vagues pour retourner à l'eau avec la proie vivante afin de la partager avec les membres de son groupe (cf. photo d’illustration volée sur internet). Cette région est la seule au monde où l’orque se comporte ainsi et nous espérons pouvoir être les témoins de ce spectacle.
Aujourd’hui la chance n’était pas avec nous et après plusieurs heures d’attente infructueuse nous rentrons à Puerto Piramides. Nous avons bien aperçu un orque au loin, mais il n’avait manifestement pas faim… C’est la nature et on ne peut pas l’influencer, mais on ne désespère pas et on y retourne le lendemain.
Après les 160 kilomètres de piste sablonneuse que nous avons effectué hier, nous décidons de privilégier l’option prudence pour notre deuxième excursion sur la péninsule. En effet la piste se détériore rapidement au passage des voitures et elle comporte de nombreuses zones molles qui nous ont bien fait transpirer. Pour nous éviter de multiples frayeures et risques de chute, nous optons pour le taxi afin de nous rendre au lieu-dit Caleta Valdes, sur la côte est de la péninsule. Mais notre persévérance et notre patience n’ont pas été récompensées car nous n’avons pas vu d’orques. Heureusement que le paysage valait quand même le détour, ainsi que les quelques pingouins de Magellan que nous avons pu observer à quelques mètres.
En route vers la côte atlantique