Buenos Aires

Personne n’a daigné nous avertir, mais aujourd’hui c’était le dernier jour du long week-end de Carnaval, et donc si possible un jour à ne pas passer sur la route… Mais comme on ne le savait pas, et comme les prévisions météo n’annonçaient pas de pluie, nous nous sommes mis en route en direction de la Capitale Fédérale. Et on a vite été rattrapés par la réalité !!
Notre journée de roulage se résume à plus de deux heures passées dans un énorme bouchon et sous une pluie battante. Heureusement que nous avions prévu une étape intermédiaire, car c’est bien trempés que nous arrivons dans la petite ville de Chascomús, située au bord de la lagune du même nom, et à quelques 130 kilomètres au Sud de Buenos Aires.

C’est sous la canicule et par près de 40 degrés que nous arrivons finalement à Buenos Aires, la capitale de l’Argentine. Nous y avons loué un joli petit appartement pour 2 semaines, afin de prendre le temps de visiter cette ville cosmopolite et multiculturelle de plus de 3 millions d’habitants.

Nos premiers jours dans la capitale argentine sont placés sous le signe de la canicule. Il fait une chaleur accablante de plus de 35 degrés pour une température ressentie dépassant les 40 degrés. Autant dire que nous limitons nos activités au strict minimum.
Nous faisons tout de même l’effort de partir à la recherche de la fameuse carte SUBE qui est indispensable pour pouvoir prendre les transports publics. Après avoir essuyé des refus dans plusieurs kiosques, nous décrochons finalement le précieux sésame dans un bureau spécial situé au sous-sol de la gare Constitución. Merci au passage à Kelly qui l’avait mentionné dans son step lors de son passage ici en 2023.
Nous terminons cette première journée par la visite du musée national des beaux-arts, qui ne m’a pas vraiment convaincu, mais au moins c’était climatisé…

Notre logement se trouve dans le quartier de San Telmo qui est l’un des vieux quartiers historiques de Buenos Aires. On y trouve beaucoup de beaux bâtiments et d’églises à l’architecture coloniale, ainsi que le Mercado de San Telmo, un marché couvert qui me rappelle un peu celui de Lisbonne. Au milieu des stands les plus divers, on trouve même un restaurant suisse qui propose des mets traditionnels à base de fromage. On se laisse tenter par une raclette qui n’est pas si mal, bien que difficile à apprécier au vu de la chaleur ambiante.

La pluie est au rendez-vous du 3ème jour et la température chute brutalement d’une vingtaine de degrés. Ça fait du bien mais ça surprend… Comme le temps est plutôt maussade, on se contente d’une petite balade autour de la Plaza de Mayo, qui est le cœur symbolique de Buenos Aires. On y trouve notamment la Casa Rosada qui est le palais abritant les bureaux de l’administration présidentielle.
Nous passons ensuite notre dimanche à déambuler dans la Feria de San Telmo, un immense marché aux puces hebdomadaire qui s’articule autour de la Plaza Dorrego et le long de la rue Defensa. Ce sont des centaines de stands d’antiquaires et d’artisans où l’on trouve vraiment de tout, dans une ambiance bon enfant rythmée par des performances musicales et des shows de tango. San Telmo c’est aussi le quartier des vieux cafés historiques. L’un d’entre eux s’appelle ‘La Pétanque’ et sa terrasse sponsorisée par la marque Ricard ne nous laisse pas indifférent. C’est une jolie brasserie parisienne qui propose une très belle carte, et c’est tout naturellement que l’on fait suivre l’apéro par un excellent repas. Au détour de la conversation, le serveur nous apprend que le patron est Suisse, et nous sommes heureux et surpris de faire la connaissance de Pascal, un jurassien de Delémont qui est propriétaire de l’endroit depuis plus de vingt ans !

Nous passons ensuite une journée dans le quartier historique de La Boca, qui tient son nom de sa situation à l’embouchure du río de la Plata, là où se jette le Rio Riachuelo. La Boca ou bouche en français, d’où l’on dérive le mot embouchure.
La Boca est le port historique de Buenos Aires et c’est à cet endroit que débarquèrent et s’installèrent les migrants européens, essentiellement venus d’Italie. Ce qui fait aujourd’hui l’identité visuelle de La Boca, ce sont ses ruelles multicolores. La tradition de peindre de façon dépareillée les façades édifiées en bois et en tôle ondulée se retrouve dans tous les quartiers de pêcheurs et de marins, qui utilisaient les restes de peinture pour bateau. Alors que cette tradition s’était peu à peu perdue, c’est le peintre local Quinquela Martin qui a eu l’idée géniale de peindre sa maison et l’école, puis de contaminer par émulation les riverains, pour rendre son air pimpant à un quartier qui connaît des réalités sociales difficiles.
Le Caminito et les rues voisines forment le centre touristique de La Boca. C’est ici que se trouve la plus grande concentration de ces maisons multicolores qui lui donnent cet aspect pittoresque et photogénique qui plaît tant aux touristes du monde entier.

Dans un pays où le football est religion d’état et Diego Maradona vénéré comme un dieu, la Boca voue un véritable culte au club de foot du quartier, le Club Athletico Boca Juniors (CABJ). L’équipe locale joue ses matchs à domicile dans le stade surnommé la Bombonera. Nous faisons une visite guidée de cette enceinte qui peut accueillir 58’000 spectateurs et qui est un endroit incontournable pour sentir vibrer cette passion du football qui fait partie intégrante de la culture argentine.

Puerto Madero est le quartier le plus récent et le plus original de Buenos Aires. Il a hérité son nom de son créateur, Eduardo Madero, qui fut chargé à la fin du XIXe siècle de construire un port de plaisance de premier ordre. Le long des bassins et d’une agréable allée piétonne, les docks de briques rouges accueillent de nombreux restaurants et lofts. L’élégant Puente de la Mujer (Pont de la Femme) est devenu le symbole du quartier. On peut également y voir la frégate Sarmiento qui fut le premier bateau-école de la marine argentine. Avec ces gratte-ciel de haut standing, Puerto Madero s’est converti en un quartier à la fois touristique et résidentiel haut de gamme, où le prix du mètre carré est le plus cher du pays.

Nous faisons ensuite une visite guidée du magnifique Teatro Colón, qui est l’un des monuments historiques et emblématiques de la ville de Buenos Aires. Il est considéré comme l’une des meilleures salles du monde, aux côtés de la Scala de Milan, de l’Opéra National de Paris et du Wiener Staatsoper. Son architecture se caractérise par un style éclectique, où prévalent les influences de la néorenaissance italienne et du néobaroque français.
Du haut de ses sept étages, la salle de représentation dispose de 2’500 sièges et peut accueillir jusqu’à 3’000 spectateurs en comptant les gradins situés aux derniers étages. Cette salle en forme de fer à cheval a la réputation d’offrir une des meilleures acoustiques de la planète, ceci malgré ses dimensions impressionnantes.
Après tant d’émotions culturelles, nous nous rendons dans l’avenue Corrientes qui est également surnommée le Broadway argentin. On y trouve un grand choix de cafés et autres restaurants, et c’est au Puny-Pasta & Grill que nous mangeons un énorme et délicieux Osso-buco arrosé par un excellent Champagne.

Nous nous baladons également de part et d’autre de l’Avenida 9 de Julio qui, avec ses 16 voies et 140 mètres de largeur, est l‘un des axes principaux de communication du centre ville de Buenos Aires. Dans les environs se trouve la zone communément appelée Congreso en raison de l’emplacement du Congreso de la Nación, un magnifique bâtiment qui abrite le parlement argentin. Et un peu plus au nord on arrive dans le quartier de Retiro qui est l’un des plus petits de la capitale. On y trouve la Tour des Anglais qui fut rebaptisée Torre Monumental après la guerre des Malouines.
Nous passons ensuite une journée dans le quartier de Recoleta qui est l’un des quartiers les plus chics de Buenos Aires, avec ses nombreux espaces verts et autres demeures bourgeoises. Le cimetière de Recoleta est le Père Lachaise de la capitale argentine, et le spot touristique du quartier, mais nous décidons de faire l’impasse sur cette visite qui est de surcroît payante.

Pour tout amateur de foot, un séjour à Buenos Aires ne serait pas complet sans une immersion dans l’ambiance survoltée d’un match de Boca Juniors, l’un des clubs phares de la capitale et le club de Diego Maradona, qui est encore adulé comme un dieu dans toute l’Argentine. J’ai assisté à bien des matchs dans certains des plus grands stades européens, mais je n’avais encore jamais vécu une ambiance pareille. Je vous laisse imaginer près de 58’000 personnes qui chantent pendant quasiment deux heures pour supporter leur équipe de cœur… C’est magnifique, ça donne des frissons et c’est encore plus beau quand Boca gagne 4-0. Le peuple argentin est littéralement fou de foot et les supporters sont juste incroyables. Et merci encore à mon ami Turco pour m’avoir permis de vivre cette soirée fantastique que je ne suis pas prêt d’oublier !!

Nous visitons encore le Museo Histórico Nacional où nous en apprenons un peu plus sur l’histoire tourmentée de ce magnifique pays qu’est l’Argentine, histoire intimement liée à celle de sa capitale. Avec ses quartiers contrastés et colorés, son ambiance chaleureuse, ses cafés historiques et ses nombreux restaurants ouverts à toute heure, Buenos Aires incarne à merveille la diversité et l’aspect multiculturel de la nation argentine.
Buenos Aires est une ville bohème, brassée par mille et une cultures. Un lieu multiple, fait d’art, de musique et de rencontres. Un lieu forgé par plusieurs siècles d’immigration. Un brassage culturel savamment entretenu par les porteños, les habitants de Buenos Aires, et qui a donné naissance au fameux Tango, mais aussi au Fileteado, art graphique typique, ou encore au Lunfardo, langage populaire né sur les rives du Rio de la Plata.
Avec ses 3 millions d’habitants et ses quelques 48 quartiers, Buenos Aires a tout d’une ville tentaculaire mais elle garde un éternel côté chaleureux, grâce au style de vie des porteños. Bons vivants, friands de conversations, amateurs de musique, de danse et de football, ils sont l’âme de la ville.
Buenos Aires nous a littéralement séduits par sa diversité culturelle et architecturale, par l’ambiance qui y règne, mais aussi et surtout par l’extrême gentillesse de ses habitants et du peuple argentin en général. Et pour tordre le cou aux fausses rumeurs, nous n’avons jamais éprouvé un quelconque sentiment d’insécurité, ni été les témoins d’actes de violence ou autres incivilités.

Après avoir passé une dernière journée dans l’ambiance rétro de quelques vieux cafés du quartier de San Telmo, nous nous préparons à reprendre la route. Hasta Luego Buenos Aires et non pas Adiós car nous reviendrons bientôt, mais demain c’est en ferry que nous traverserons le Rio de la Plata afin de rejoindre l’Uruguay…

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